Mentez Nous !

Mentez Nous !

Réflexion sur le mensonge, sa signification, son influence.

Contexte

« Lie to Me » est une série policière datée de 2009 mettant en scène une équipe de psychologues experts en détection des mensonges via l’analyse de micro-expressions.

Elle est surtout le résultat d’un travail de recherches très avancé effectué conjointement par les scénaristes, réalisateurs et producteurs, se basant sur des études scientifiques comportementales et psychologiques très sérieuses.

Malgré cette approche d’apparence peu divertissante, donc à priori peu grand public, elle rencontra un succès confortable.

Les personnages principaux sont interprétés par

  • Tim Roth (Docteur Cal Lightman),
  • Kelli Williams (Docteur Gillian Foster),
  • Monica Raymund (Ria Torres, ancien agent des douanes),
  • Brendan Hines (Eli Loker, spécialisé dans le repérage des micro-expressions, l’analyse vocale et les phénomènes de groupe).

Cet article s’appuie sur cette série fiction qui a souvent tendance à rejoindre une réalité trop actuelle.

Article

Par les temps qui courent, où l’individualisme semble prendre progressivement le dessus sur l’intérêt collectif, où le « Je » cherche à s’imposer sur le « Nous », où l’illusion technologique hypnotise les individus s’imaginant pouvoir s’extraire, via ce biais, du marasme ambiant sans avoir recours à autrui, le mensonge tente de se généraliser.

Sommes nous donc à l’aube d’une dé-sociabilisation par le mensonge de l’espèce humaine ?

L’être humain reste un animal, un animal vivant en société, donc sociable, fruit de plusieurs millénaires d’évolution, ayant construit son identité génétique et comportementale au prix de nombreuses sélections naturelles en relation étroite avec son environnement.

Nous avons donc sélectionné naturellement des traits de caractères favorisant ces relations sociales.

Ces particularités se concentrent au niveau cérébral avec des liens très étroits et un impact sur notre gestuel, nos expressions et micro-expressions, faciales ou non, la dilatation de notre iris, notre rythme cardiaque … le tout étant intimement lié par le simple fait que nous sommes capables de ressentir des émotions, contrairement aux machines, et notamment la très surfaite « Intelligence Artificielle ».

Nous parlerons, pour l’occasion, d’Intelligence Émotionnelle.

Malgré tout, qui dit sélection, dit concurrence et lutte pour notre survie et notre reproduction.

Nos ancêtres n’avaient très probablement pas les mêmes caractéristiques que nous.

En effet, l’évolution au sens darwinien du terme, contrairement aux idées reçues, n’a aucun lien avec le progrès.

Elle correspond aussi bien à une simplification qu’à une complexification, se succédant ainsi au fil du temps.

Notre environnement étant très aléatoire, la stagnation est rarissime.

Mentir est un « art » pratiqué depuis la nuit des temps.

Parfois utile, il reste cependant l’arme privilégiée des manipulateurs et manipulatrices les plus pervers et perverses.

Il peut être, certes, un réflexe, mécanisme de défense important, nous permettant de préserver notre intégrité morale face à des agressions externes.

Mais poussé à l’extrême, il divise, détruit, oppresse, sème le doute et le chaos en faveur des peu scrupuleux spécialistes en la matière, et toujours au détriment du plus grand nombre.

Tout coupable est une ancienne victime qui aura tendance à faire payer aux autres les conséquences de ses souffrances passées.

Ces individus sont bien la conjonction de carences génétiques non comblées par un environnement défaillant.

Très souvent ce dernier est familial, particulièrement dysfonctionnel, le système éducatif et les alertes sociétales n’ayant pu identifier à temps les risques afin de les corriger.

La loi du silence est également responsable de cette situation via nos tabous culturels.

Ne soyons pas défaitistes.

L’avantage que nous avons par rapport à ces individus particulièrement dangereux, est qu’ils sont incapables de maintenir durablement une cohésion de groupe, se contentant d’organiser temporairement des bandes qui finissent toujours par éclater au grand jour en cas de difficultés.

Surtout, il n’existe pas de fatalité.

La perte d’empathie, car c’est bien à elle que nous faisons allusion dans cet article, n’est majoritairement pas rédhibitoire.

Elle nécessite un temps de rééducation plus ou moins important selon le degré d’ « intoxication ».

Il existe également des personnes ayant côtoyé plus que nécessaire, tout au long de leur vie, ces environnements délétères et qui ont toujours refusé de s’y plier.

Par leurs actions justes, ils permettent de rompre ce cercle vicieux, ce cercle du diable (selon l’expression allemande particulièrement appropriée « Teufelskreis »).

Leur long apprentissage leur permet de développer des capacités à percevoir ce qui ne va pas chez l’autre, et de ne plus en faire un enfer.

Mentez Nous !

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